Suisse

La Suisse n’est pas seulement un des plus beaux pays du monde (Figure ci-contre

), c’en est aussi sans doute la plus authentique démocratie : toutes les décisions importantes sont prises avec l’accord du peuple, lequel a le droit de demander à l’initiative d’un petit nombre de citoyens des « votations » sur des sujets qu’il juge importants, tels que l’intégration du pays à l’Europe économique ou le port de la muselière pour les chiens dans la rue.

Comme disait un humoriste, l’enfer ce serait un pays où la police serait allemande, les cuisiniers anglais, les mécaniciens français, les amants suisses et où tout serait géré par les Italiens ; le paradis, ce serait un pays où la police serait britannique, les cuisiniers français, les mécaniciens allemands, les amants italiens et où tout serait géré par les Suisses.
En Suisse, tout est géré par les Suisses. C’est déjà un bon début.
Tout a été prévu, pensé, organisé, programmé pour le bonheur et la sécurité des citoyens. Aucun vent mauvais ne doit, sous aucun prétexte, froisser la surface du lac tranquille de leur vie. Les Suisses, ultra-protégés, sont des gens heureux.

Mais en deux ans j’ai quand même eu la chance d’y assister à deux évènements imprévus – « imprévus » : vous vous rendez compte ? – qui ont secoué la Suisse entière.

Trois semaines après le tsunami en Asie, la Suisse frappée à son tour !

Le Matin » du 19 janvier 2005 titre à la une : « Une heure d’angoisse ». (Figure ci-contre)
Il y a de quoi : la veille, à 14 h 40, la foudre touche une ligne électrique, provoquant une coupur

e d’électricité générale à Genève jusqu’à 16 heures. La catastrophe s’étend jusqu’à Lausanne et Montreux.

« L’angoisse étreint la ville : tous les trams sont bloqués, le métro de Lausanne évacué. Heureusement, les banques ont été protégées grâce à leur système d’alimentation électrique interne. Tous les magasins sont plongés dans le noir, la plupart ferment leurs portes, mais ceux des grandes chaînes (Bon Génie, Migros, Manor) résistent héroïquement et refusent l’évacuation malgré les risques encourus par les marchandises plongées dans l’obscurité. On ne déplorera aucun vol. Les pompiers doivent secourir plus d’une centaine de personnes bloquées dans les ascenseurs. Toutes seront sauvées dans un délai compris entre 10 et 45 minutes. »

De quoi être traumatisé, d’autant qu’à peine six mois plus tard, les services météorologiques défaillaient à leur tour !

Tornade sur la Riviera

Le 18 juillet 2005, à 15 h 30 mn, tranquillement installé dans mon salon au neuvième étage d’une tour face au lac Léman, je crus rêver : je voyais arriver sur moi une tornade !
Il n’y avait pas à s’y tromper : les oiseaux s’enfuyaient à tire d’aile et, sur l’eau, une énorme vague bouillonnante précédait une cavalcade de nuages noirs qui se précipitaient vers Montreux.
Je ne pouvais me tromper : des tornades et des cyclones, j’en ai assez vus.
Mais cette tornade n’avait pas été prévue par les services météorologiques helvétiques, donc il s’agissait d’un rêve. Forcément…
Secoué de rire, je sortis sur le balcon pour photographier cette illusion d’optique. (figures ci-dessous)

Deux secondes plus tard, j’étais mitraillé par des grêlons gros comme des oeufs de pigeon et devais battre en retraite. (figure ci-dessous)

Le phénomène ne dura que cinq minutes, mais fut d’une violence extrême. Aux alentours de Montreux, tous les rideaux de fer face au lac étaient ravagés, les fenêtres explosées, les toits perforés, et des milliers de voitures bosselées comme si elles avaient été piétinées.

En découvrant les dégâts, je me suis senti trahi, comme tous les Suisses : cette catastrophe prouvait que tout n’était pas encore prévu pour assurer ma sécurité en toute circonstance !

Néanmoins, deux ans durant, je me suis reposé en Suisse. Mais alors, reposé, vous n’avez pas idée ! Assuré (ou presque) que demain serait identique à aujourd’hui et aussi calme qu’hier. La Suisse n’est un pays ni d’aventure, ni de conquête, ni de hasard.
C’est bien simple : je ne me souviens plus de ce que j’ai fait pendant tout mon séjour !

Merci, la Suisse !

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